L’Association des Maires de France (AMF) a alerté, dans un dossier de presse du 22 avril 2025 intitulé « Infrastructures et transports sans financement : une fracture territoriale irréversible », sur le déséquilibre du modèle de financement des routes locales. En France, la voiture demeure le moyen de transport principal (près de 90 % des déplacements), ce qui rend crucial l’entretien d’un réseau routier d’environ un million de kilomètres. Or, ce réseau est aujourd’hui « au bord de la rupture » selon l’AMF, en raison d’un sous-financement chronique des infrastructures locales.
Le « bloc communal » – communes et intercommunalités – gère plus de 700 000 km de voirie, soit environ 65,5 % du réseau routier national, ainsi que 120 000 ponts. Pourtant, malgré cette responsabilité prédominante, aucune ressource fiscale spécifique n’est affectée à la voirie locale. Les communes financent leurs routes sur le budget général, tandis que l’État perçoit la plupart des recettes routières (carburants, immatriculations, péages, amendes) sans les reverser aux collectivités. En outre, l’État ponctionne régulièrement les finances locales, réduisant leur capacité d’investissement. Parallèlement, des normes de plus en plus contraignantes rendent l’entretien des routes plus coûteux.
Faute de moyens, l’entretien est reporté, entraînant une dégradation progressive des routes et des ponts. À terme, les réparations d’urgence et les reconstructions deviennent bien plus onéreuses. La détérioration du réseau accroît le risque d’accidents pour les usagers et expose les maires à une responsabilité accrue. Enfin, ce sous-investissement aggrave la fracture territoriale : les communes mal desservies s’isolent et les inégalités entre territoires se creusent.
Pour sortir du sous-financement structurel de la voirie locale, l’AMF formule quatre propositions concrètes :
Réaffecter une part des recettes routières nationales (TICPE, péages, amendes) aux communes et intercommunalités, afin de financer durablement l’entretien et la modernisation du réseau, en particulier dans les zones rurales.
Intégrer le bloc communal dans le futur modèle post-concession autoroutière, en redistribuant une part des revenus générés (12,5 milliards €/an) aux gestionnaires locaux qui assurent la continuité du réseau.
Faire contribuer les opérateurs du réseau (énergie, télécom, etc.), qui utilisent les routes sans en financer l’entretien, en instaurant des redevances plus équitables.
Réaffecter une partie des amendes locales aux budgets communaux, pour reconnaître le rôle des maires dans la sécurité routière et renforcer leur autonomie sans alourdir la fiscalité.
Le financement des routes locales touche à la cohésion territoriale et à la transition écologique : sans infrastructures fiables, des communes risquent l’isolement et le développement de mobilités durables (transports collectifs, covoiturage, etc.) est limité. Il est aussi crucial pour la sécurité routière, car un bon entretien protège les usagers et limite la responsabilité des maires.